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Jacques Prévert – Chanson des escargots qui vont à l’enterrement

Creato il 16 dicembre 2011 da Marvigar4

Jacques Prévert

A l’enterrement d’une feuille morte
Deux escargots s’en vont
Ils ont la coquille noire
Du crêpe autour des cornes
Ils s’en vont dans le noir
Un très beau soir d’automne
Hélas quand ils arrivent
C’est déjà le printemps
Les feuilles qui étaient mortes
Sont toutes ressuscitées
Et les deux escargots
Sont très désappointés
Mais voilà le soleil
Le soleil qui leur dit
Prenez prenez la peine
La peine de vous asseoir
Prenez un verre de bière
Si le coeur vous en dit
Prenez si ça vous plaît
L’autocar pour Paris
Il partira ce soir
Vous verrez du pays
Mais ne prenez pas le deuil
C’est moi qui vous le dis
Ça noircit le blanc de l’oeil
Et puis ça enlaidit
Les histoires de cercueils
C’est triste et pas joli
Reprenez vos couleurs
Les couleurs de la vie
Alors toutes les bêtes
Les arbres et les plantes
Se mettent à chanter
A chanter à tue-tête
La vraie chanson vivante
La chanson de l’été
Et tout le monde de boire
Tout le monde de trinquer
C’est un très joli soir
Un joli soir d’été
Et les deux escargots
S’en retournent chez eux
Ils s’en vont très émus
Ils s’en vont très heureux
Comme ils ont beaucoup bu
Ils titubent un petit peu
Mais là-haut dans le ciel
La lune veille sur eux.

Jacques PRÉVERT, Paroles (1945)
©1972 Editions Gallimard

Canzone delle lumache che vanno al funerale

Al funerale di una foglia morta
Due lumache se ne vanno
Hanno il guscio nero
La fascia nera nelle corna
Se ne vanno nella sera
Un bellissima sera d’autunno
Ahimè quando arrivano
È già primavera
Le foglie che erano morte
Sono tutte resuscitate
E le due lumache
Sono molto deluse
Ma ecco il sole
Il sole che gli dice
Prendete prendete il disturbo
Il disturbo di sedervi
Prendete un boccale di birra
Se ne avete l’animo
Prendete se vi piace
L’autobus per Parigi
Partirà stasera
Girerete il mondo
Ma non prendete il lutto
Sono io che ve lo dico
Annerisce il bianco degli occhi
E poi vi imbruttisce
Le storie dei funerali
Sono tristi e per niente belle
Riprendete i colori
I colori della vita
Allora tutte le bestie
Gli alberi e le piante
Si mettono a cantare
A cantare a squarciagola
La vera canzone viva
La canzone dell’estate
E tutti a bere
Tutti a trincare
È proprio una bella sera
Una bella sera d’estate
E le due lumache
Se ne tornano a casa
Se ne vanno assai commosse
Se ne vanno felicissime
Avendo bevuto tanto
Barcollano un pochino
Ma lassù nel cielo
La luna veglia su loro.

traduzione di Marco Vignolo Gargini



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