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Jules Laforgue – Carmelo Bene VI

Creato il 30 marzo 2012 da Marvigar4
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Jules LaforgueMoralités légendaires – Hamlet ou les suites de la piété  filiale, versione in italiano di Carmelo Bene

   Et je n’aurai plus qu’à agir, qu’à signer ! Agir ! Le tuer ! lui faire rendre gorge de sa vie ! Tuer !… Hier je me suis fait la main en tuant Polonius. Il m’espionnait, caché derrière cette tapisserie qui représente le Massacre des Innocents. Ah ! ils sont tous contre moi ! Et demain Laërtes et après-demain le Fortimbras d’en face ! Il faut agir ! Il faut que je tue, ou que je m’évade d’ici ! Oh ! m’évader !… Ô liberté ! liberté ! Aimer, vivre, rêver, être célèbre, loin ! Oh ! chère aurea mediocritas !

   Kate, Kate, dovrei soltanto agire, firmare, ucciderlo, ammazzarlo, fargli vomitare la vita… Mi sono fatto la mano con Polonio. Mi stava spiando da dietro l’arazzo. È la strage degli innocenti. Oh Kate, Kate, Kate, Kate, tutti tutti tutti contro di me. E domani magari sarò Laerte, e dopodomani magare Fortebraccio, quel dirimpettaio. Bisogna agire, firmare. Uccidere, ammazzare, oh Kate. O evadere, evadere, evadere. Libertà libertà libertà. Amare, ridere, sognare, essere celebri. Lontano da qui. Cara aurea mediocritas.

Kate-Lydia Mancinelli

Pauvre jeune homme ! soupire angéliquement Kate, et c’est qu’il n’a pas du tout l’air dangereux…  

Poveretto. Avrai notato che non ha per niente l’aria pericolosa.

   Amleto/Carmelo Bene

 Alas, poor Yorick ! Les petits helminthes ont dégusté l’intellect à Yorick… C’était un garçon d’un humour assez infini : mon frère (même mère pendant neuf mois) si toutefois ce titre commande une attitude spéciale. Il fut quelqu’un. Il avait le moi minutieux, entortillé et retors ; il se gobait. Où ça est-il passé ? Ni vu, ni connu. Plus même rien de son somnambulisme. Le bon sens lui-même, dit-on, ne laisse pas de traces. Il y avait une langue là-dedans ; ça grasseyait : « Good night, ladies ; good night, sweet ladies ! good night, good night ! » Ça chantait, et souvent des gravelures. — Il prévoyait ! (Hamlet fait le geste de lancer le crâne en avant.) Il se souvenait. (Même geste en arrière.) Il a parlé, il a rougi, il a BAILLÉ ! — Horrible, horrible, horrible ! — J’ai peut-être encore vingt ans, trente ans à vivre, et j’y passerai comme les autres. Comme les autres ? — Oh Tout ! quelle misère, ne plus y être ! — Ah ! Je veux dès demain partir, m’enquérir par le monde des procédés d’embaumement les plus adamantins. (…)Ah ! tout est bien qui n’a pas de fin. (…) Ah ! que je m’ennuie donc supérieurement ! — Eh bien, qu’est-ce que j’attends ici ? — La mort ! La mort ! Ah ! est-ce qu’on a le temps d’y penser, si bien doué que l’on soit ? Moi, mourir ! Allons donc ! Nous en recauserons plus tard, nous avons le temps. — Mourir ! (…) — Oh ! voyons ! voyons ! Soyons sérieux ici ! Oh ! je devrais trouver des mots, des mots, des mots ! Mais qu’est-ce donc qu’il me faut, si ceci me laisse froid ? — Voyons : quand j’ai faim, j’ai la vision intense des comestibles ; quand j’ai soif, j’ai la sensation nette des liquides ; quand je me sens le cœur tout célibataire, j’ai à sangloter le sentiment des yeux chéris et des épidémies de grâce ; donc si l’idée de la mort me reste si lointaine, c’est que je déborde de vie, c’est que la vie me tient, c’est que la vie me veut quelque chose ! — Ah ! ma vie, donc à nous deux ! (…) — Mon frère Yorick, j’emporte votre crâne à la maison ; je lui ferai une belle place sur l’étagère de mes ex-voto, entre un gant d’Ophélie et ma première dent. Ah ! comme je vais travailler cet hiver avec tous ces faits ! J’ai de l’infini sur la planche.

Alas, poor Yorick ! Era un ragazzo di un umorismo infinito, mio fratello. Stessa madre per nove mesi. Fu qualcuno. Aveva un Ego minuzioso e scaltro. Si prendeva per qualcuno. E adesso niente, niente, niente, niente, nemmeno il suo sonnambulismo. Qui, proprio qui, c’era una lingua che biascicava « Good night, ladies ; good night, sweet ladies ! good night, good night ! ». Cantava. Ha sbadigliato? Ha arrossito? Orrido, orrido, orrido. Mi restano forse ancora vent’anni, trent’anni da campare e poi verrà il mio turno, com’è venuto per altri. O Tutto! O che sventura non esserci più! Sì, voglio andarmene via domani e informarmi per tutto il mondo dei più adamantini procedimenti d’imbalsamazione. Ah, tutto è bene quello che non finisce mai. Come mi annoio superiormente! E allora che aspetto qui? La morte? Come? Io morire? Ma via, andiamo! Io morire? Ma andiamo! Sì, d’accordo, si muore, ma non essere più, non esserci più! Parole, parole, parole. Ma che cosa mi ci vuole se tutto mi fa freddo? Basta! Quando ho fame, ho fame; quando ho sete, ho sete; quando ho voglia, ho voglia, e allora se l’idea della morte m’è così lontana vuol dire che la vita mi è in balia, vuol dire che la vita mi reclama, e allora, vita mia a noi due! Fratello mio, yorick, il vostro cranio me lo porto a casa e gli farò un bel posto sull’étagère dei miei ex-voto, tra un guanto d’Ofelia e il mio primo dente. Ah, come lavorerò bene questo inverno con tutti questi fatti! Ho l’infinito in cartellone.

Elle n’est cependant pas si lourde, pense Hamlet avec intérêt. J’oubliais ; elle doit être gonflée d’eau comme une outre ; petite sale ; repêchée à l’écluse ! Elle devait finir par là, ayant puisé sans méthode dans ma bibliothèque. — Oh ! mon Dieu ! Maintenant, j’apprécie ses grands regards bleus ! Pauvre, pauvre jeune fille ! Si maigre et si héroïque ! Si inviolée et si modeste ! — Et tant pis ! C’est la débâcle ! la débâcle ! Le conquérant Fortimbras en eût fait demain sa maîtresse ; il est turc là-dessus ! Et Elle en serait incontestablement morte de honte, je la connais, l’ayant bien dressée ! Elle en serait décédée, ne laissant qu’une bien vilaine réputation de Belle-Hélène, tandis que, grâce à moi… Pauvre Ophélie, pauvre Lili… Mais, l’Art est si grand et la vie est si courte !… Et donc, alors, la peine que, en conséquence, je ne pouvais manquer de lui faire, la rendit si maigre, si maigre, que l’anneau d’alliance que je lui avais, en des temps meilleurs, passé au doigt, en tombait à chaque instant, preuve céleste que… Et puis elle avait l’air par trop périssable ! (…) J’aurais dû lui crever les yeux, ces yeux, et m’y laver les mains. (…) Ah, Ophélie, que n’étais-tu née ma compagne ! que n’étais-tu assez inconnue pour cela ! Je l’ai aidée à se faner, la Fatalité a fait le reste. (…) — Elle avait un torse angélique, encore une fois. Que puis-je à tout cela, maintenant ? Allons, je donne dix ans de ma vie pour la ressusciter ! Dieu ne dit mot ! Adjugé ! C’est donc qu’il n’y a pas de Dieu, ou bien que c’est moi qui n’ai même plus dix ans à vivre. La première hypothèse me semble la plus viable, et pour cause. (…)Ophélie ! Ophélie ! Pardonne-moi î Ne pleure pas comme ça ! (…) — Kate, attends-moi une minute. C’est pour la tombe de mon père, qui a été assassiné, le pauvre homme ! Je te raconterai. Je reviens à l’instant ; le temps de cueillir une fleur, une simple rieur en papier, qui nous servira de signet quand nous relirons mon drame et que nous serons forcés de l’interrompre dans des baisers.

— Je ne peux pas voir les larmes de jeunes filles. Oui, faire pleurer une jeune fille, il me semble que c’est plus irréparable que l’épouser. Parce que les larmes sont de la toute enfance ; parce que verser des larmes, cela signifie tout simplement un chagrin si profond que toutes les années d’endurcissement social et de raison crèvent et se noient dans cette source rejaillie de l’enfance, de la créature primitive incapable de mal. — Adieu beaux yeux, quand même inviolés car inapprivoisables, d’Ophélie ! Il se fait tard, il faut agir ; à demain les baisers et les théories.

  Eppure non era poi tanto pesante. E beh no, dev’ essere piena d’acqua come un otre. Sporcaccioncella, ripescata alla fogna! Non poteva finire dopo aver frugato senza metodo alcuno nella mia biblioteca. Povera povera ragazza. Così magra, così eroica, così inviolata, Ma pazienza. È lo sfacelo, lo sfacelo. Domani quel cafone di Fortebraccio ne avrebbe fatto la sua amante. Quello è un turco o faccenda del genere. E lei ne sarebbe morta di vergogna. Morta, morta, andiamo. La conosco bene, l’ho ammaestrata io. Ne sarebbe morta fasciandosi alle spalle una assai brutta nomea di bella Elene, mentre invece così grazie a me…. Povera Ofelia, povera Lilì. Ma l’Arte è tanto grande e la vita così breve. E allora il male che non potevo fare a meno di farle la fece diventare così magra, ma così magra, che l’anello di fidanzamento da me una volta infilatole al dito le cadeva giù ogni momento, prova celeste che… Aveva l’aria troppo deperibile. Avrei dovuto sfondarle gli occhi e lavarmici dentro le mani. Ofelia, Ofelia, perché non eri nata mia compagna, perché non mi sei stata sconosciuta, quel tanto che bastasse? Io l’ho aiutata a sfiorire, il fato ha compiuto il resto. Aveva un busto angelico. Aveva un busto angelico. Che ci posso fare oramai? È troppo tardi. Dieci anni, dieci anni della mia vita, se resuscita. Dieci anni. Eh, Dio non parla! Aggiudicato! Qui due sono le cose, o dio non esiste o sono io che non ho dieci anni da vivere. La prima ipotesi mi sembra la più vitale, non c’è che dire. Lilì, Lilì perdonami, non piangere così. Kate, ti prego, lasciami solo un attimo. È per la tomba di mio padre, che è stato assassinato, pover’uomo. E poi ti racconto. Un attimo Kate, giusto il tempo di cogliere un fiore, chi sa un domani potrà magari servirci da segnalibro quando rileggeremo il mio dramma, saremo costretti a interromperlo per baciarci. 


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