Publié par Realpolitik.tv le 14 septembre 2012
tradotto, in calce, da Giuseppe Germinario
La Russie tournée vers l’Asie – auteur : Arnaud Leclercq (www.arnaudleclercq.com). Cadre dirigeant reconnu dans le monde de la gestion de fortune, plus particulièrement avec les marchés émergents, Arnaud Leclercq est à titre privé un spécialiste en géopolitique de la Russie. Il vient de publier chez Ellipses l’ouvrage La Russie puissance d’Eurasie. Histoire géopolitique des origines à Poutine.
Vu du côté russe, l’Ouest a essentiellement été une menace voire, au mieux, une déception. Dès lors, pourquoi la Russie ne pencherait-elle pas clairement vers l’Asie ?
Entre 1142 et 1446, la principauté de Novgorod a dû combattre les Suédois vingt-six fois, les Porte-glaive, puis les Teutoniques, onze fois, les Lituaniens quatorze fois et les Norvégiens cinq fois… De même les invasions lituaniennes en Russie ont été fréquentes au-delà de Novgorod et se sont étalées sur plusieurs générations de grands-ducs : annexion de la principauté de Polotsk en 1307, puis celle de Vitebsk en 1318 et de Brest l’année suivante avant de poursuivre leur extension territoriale jusqu’à même atteindre le rivage de la mer Noire, puis de s’emparer de Kiev et de l’Ukraine. En 1395, le grand-duc Vitovt parvient à prendre Smolensk et son territoire. Quand l’unification de la Lituanie et de la Pologne est réalisée en 1447, ce grand État désormais de langue polonaise ayant adhéré au catholicisme s’est ainsi ouvert aux influences occidentales. Sur le plan politique, l’aristocratie d’origine russo-lituanienne a également été séduite par le modèle politique polonais de monarchie élective, favorable à la noblesse et aux antipodes du système politique moscovite inspiré à la fois de l’héritage byzantin et de l’exemple des khans mongols. Il y a là l’origine d’un antagonisme profond. Plusieurs guerres opposèrent Russes et Polonais, ces derniers allant jusqu’à occuper et incendier Moscou. Le péril polonais est finalement conjuré par une victoire russe, conclue en 1667 avec la conclusion de la trêve d’Androussovo.
Au cours des décennies suivantes, c’est l’ennemi suédois qui apparaît à nouveau comme le plus dangereux. En janvier 1708, Charles XII franchit la Vistule pour marcher sur Moscou mais commet l’erreur de se diriger vers l’Ukraine plutôt que de poursuivre son avance vers Moscou, s’éloignant ainsi de ses arrières. La campagne suédoise trouve son issue le 8 juillet 1709 quand les Russes remportent la victoire décisive de Poltava. Douze ans plus tard, le traité de Nystad sanctionnait la victoire obtenue par la Russie face à un adversaire ancien et tenace.
La Russie va ensuite devoir compter avec d’autres menaces venues de l’ouest. D’abord celle, éphémère, de « l’Armée des Vingt Nations » napoléonienne. La première « grande guerre patriotique » manifeste clairement, y compris dans les profondeurs du peuple paysan mobilisé contre l’envahisseur, la naissance d’un sentiment national fait d’attachement à la terre russe, à la tradition orthodoxe et à la personne du tsar, auréolé de la victoire remportée contre le maître de l’Europe demeuré jusque-là invincible. Ce sentiment sera exacerbé par l’intervention anglaise et française en Crimée en 1856 qui se solde par une humiliation russe. Quand, un demi siècle plus tard, la Russie est emportée dans la tourmente révolutionnaire, il ne fait guère de doute que les bolcheviks savent instrumentaliser le rejet des interventions étrangères anglaise, française, et même japonaise et américaine en Sibérie qui ont été engagées en soutien des armées blanches, du Caucase et de la mer Noire jusqu’à Arkhangelsk. L’agression allemande déclenchée le 22 juin 1941 va également mobiliser un patriotisme russe stimulé par les préjugés, les erreurs d’appréciation grossières et les crimes des envahisseurs. Loin des mirages idéologiques du « socialisme réel » ou de « l’internationalisme prolétarien », c’est le peuple russe qui répond à l’appel de Staline et affronte victorieusement, au prix d’immenses sacrifices, la terrible épreuve. C’est ainsi que, au fil des siècles, du lac Tchoudes à Stalingrad ou à Koursk en passant par Poltava et Borodino, la menace extérieure a contribué à l’affirmation d’une identité spécifique fondée sur l’attachement à la terre russe.
Cela n’a pas empêché la Russie de vouloir devenir une puissance européenne mais, à chaque fois elle y a perdu son rang de puissance capable de présider aux destinées du monde. Les espoirs de la Russie ont souvent été déçus, à moins qu’elle n’ait elle-même décidé de reculer afin de ne pas trop se compromettre et conserver son « altérité ».
Ainsi du rapprochement avec l’Europe pour lui emprunter son savoir faire et ses technologies, particulièrement sous les règnes de Pierre le Grand et Catherine II. La marine, l’architecture, l’armée et même la langue russe font apparaître à partir du XVIIIème de nombreux stigmates européens mais Pierre le Grand n’a-t-il pas clairement exprimé : « l’Europe est nécessaire pour quelques dizaines d’années, mais nous devrons ensuite nous en détacher ». Dans un contexte différent, Catherine II, d’abord séduite par les idées universalistes s’en méfie rapidement puis condamne avec fermeté les moindres initiatives réformatrices considérées comme révolutionnaires. Le rejet du cosmopolitisme se retrouve à la fin du règne d’Alexandre I, puis surtout de Nicolas Ier.
Sur une période assez longue et jusqu’à très récemment, la même méfiance permanente s’exprime vis-à-vis des juifs et des catholiques, lesquels sont perçus comme occidentalistes ; les premiers étant supposés complices des États-Unis pendant l’URSS et les seconds soupçonnés de prosélytisme et de fomenter la chute du communisme sous l’influence du Pape polonais. Le rapprochement entamé le 16 août 2012 par la visite exceptionnelle en Pologne du Patriarche de l’Église orthodoxe russe Kiril ne devrait pas fondamentalement modifier les relations entre les deux « poumons de la chrétienté », selon une formule attribuée à Jean Paul II (cf A. Thedrel & M. Zralek in Le Figaro 16.08.2012). Quant aux prédicateurs protestants, ils sont actuellement considérés comme agissant ni plus ni moins que pour des sectes.
Parmi d’autres malentendus, notons encore au XIXème que la tentative de messianisme « pan-slave » a rapidement été perçue par les « cousins » de l’ouest et du sud comme étant en fait pan-Russe et laissant peu de place aux autres. Au XXème, après la révolution bolchévique ou à la fin de la IIème guerre mondiale, certains ont cru apercevoir un rapprochement possible, voire une fraternité entre travailleurs ou vainqueurs, mais là encore les espoirs ont vite été déçus par un bolchévisme montrant rapidement sa véritable nature répressive et si peu romantique avant de se muer en panzer-communisme brutal et offensif.
Avec Mikhail Gorbatchev, la Russie semble sincèrement convaincue de la proximité identitaire et géographique avec l’Europe et il ira jusqu’à prôner la Maison Commune européenne mais, malgré son évidence et la chance historique qu’elle représente, il n’y sera malheureusement pas entendu. Débarrassée du fardeau de l’empire, la nouvelle Russie de Eltsine pense ensuite « retrouver l’Europe », son modèle démocratique et son aisance économique mais elle subira de nombreuses humiliations : discriminations des minorités russes au sein de l’UE (pays baltes), ex-pays frères de l’Est (du moins, vus du côté russe) rejoignant la menace directe de l’OTAN, guerre contre le cousin Serbe hors de toute autorisation de l’ONU, indépendance reconnue du Kosovo… et installation dans la foulée d’une base militaire US, révolutions colorées aux frontières et slogans anti russes (même en Ukraine !), déploiement anti missiles en Pologne et République Tchèque pour les protéger d’une agression venant… de l’Iran.
Alors qu’il est régulièrement décrié à l’Ouest, plus particulièrement sur un axe Scandinavie – Pologne – Bruxelles – Grande Bretagne – États-Unis, il faut relever qu’après les attentats du 11 septembre 2001, Vladimir Poutine a pourtant cherché à construire un partenariat fort, presque une alliance avec l’Ouest et les États-Unis en particulier, mais Poutine s’est trompé et le pétrole russe ne remplacera pas le saoudien. Avec les révolutions colorées la Russie se convainc une fois pour toutes que les États-Unis persistent à vouloir dominer l’Eurasie, conformément aux théories de l’un des pères fondateurs de la géopolitique US, Nicholas Spykman : « Il revient aux Etats Unis, pour que leur suprématie demeure, d’éviter qu’un État ou un groupe d’États ne parvienne à établir, sous quelque forme que ce soit, une position dominante sur la masse eurasiatique ».
Le rapprochement Est – Ouest est en outre bloqué par une méfiance intellectuelle séculaire, amplifiée à l’époque contemporaine. Du côté européen, et notamment français, les clichés et approximations véhiculées par le succès littéraire extravagant du Marquis de Custine sont autant de miasmes qui polluent malheureusement encore l’atmosphère entre les deux extrêmes du continent. De plus, sans nier les vieux démons de la Russie comme la corruption, l’autoritarisme, la bureaucratie… on peut également regretter que de grands medias supposés informatifs persistent à ne mettre en avant que les aspects négatifs.
Alors que l’on a vu la façade occidentale russe subir des assauts répétés, la menace venant de l’Est a somme toute été limitée.
Certes, le choc de la conquête du Grand Khan Ogodeï en 1235 a été d’une violence inouïe avec son lot de massacres (population de Kiev réduite à néant) mais a ensuite suivi une relativement longue période de « pax mongolica ». À une période plus contemporaine, la révolution de 1917 fait perdre à la Russie des territoires immenses à l’Ouest, alors qu’ils sont maintenus en Asie Centrale. Plus récemment, et en simplifiant un peu, la plupart des ex pays frères situés à l’Est ou de l’étranger proche sont, eux, restés des alliés relativement fiables, puisqu’aucun pays de la CEI n’a rejoint une structure euro-atlantique. Il demeure d’ailleurs une réelle cohérence entre eux tant sur les échanges que sur les questions de sécurité. Ces dernières années ont connu de nouvelles initiatives de partenariat Organisation de coopération de Shanghai (cf Ardavan Amir-Aslani, La Nouvelle Revue de Géopolitique n°5, 2012), la Communauté économique eurasienne (créée en 2000 par le Kazakhstan) et l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (2002).
Dans une vision bien « ethno-centrique », l’Occident perçoit la Russie comme étant essentiellement « à l’Ouest », même si l’Ours mal léché semble parfois difficile à comprendre et à maîtriser. Il y a d’ailleurs quelques solides arguments pour étayer cette thèse. Cependant, en s’éloignant du consensus, et en enlevant notre béret pour coiffer une chapka, on peut constater que la Russie n’est en fait véritablement parvenue à assurer sa puissance qu’en assumant parfaitement sa nature eurasiatique. Les menaces politiques, militaires, économiques, idéologiques, religieuses… sont surtout venues de l’Ouest alors que le regard se tournant vers l’Est rencontre l’immensité de la terre russe, laquelle demeure si importante dans l’inconscient populaire. L’arctique comme nouvelle voie maritime du commerce mondial, ses ressources gigantesques non exploitées, les fleuves grandioses faisant apparaître le Rhône en charmante petite rivière, les forêts sans fin et plus prosaïquement les sous-sols regorgeant de matières premières font de la Russie de l’Est le vainqueur chanceux au jeu des « Richesses du Monde ». Sa proximité avec la Chine, le Japon, la Corée conduisent à des développements considérables déplaçant progressivement son centre de gravité vers l’Asie. Des partenariats bilatéraux forts en Europe, comme celui avec l’Allemagne, ne seront bientôt que l’arbre cachant la forêt. Pourquoi la Russie s’entêterait-elle à rester ancrée à l’Ouest d’un continent en quasi faillite avec lequel son histoire a toujours été conflictuelle ? Elle pourrait être tentée d’envoyer Bruxelles et consorts au Diable. De solides partenariats suffiront bien pour s’assurer de bons accords commerciaux. En revanche, c’est bien son passé eurasiatique assumé qui lui ouvre perspectives et facilités. Le chantier est immense comme la toundra.
Arnaud Leclercq
La Russia rivolta verso l’Asia
Pubblicato da Realpolitik.tv 14 Settembre 2012 in articoli - 3 commenti
Russia rivolta verso l’Asia – autore: Arnaud Leclercq ( www.arnaudleclercq.com .) quadro dirigente riconosciuto nel mondo del risparmio gestito, in particolare nei mercati emergenti, Arnaud Leclercq è a titolo privato uno specialista in geopolitica della Russia. E’ in procinto di pubblicare, da Ellipses, l’opera La Russie puissance d’Eurasie. Histoire géopolitique des origines à Poutine.
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Visto dalla parte russa, l’Occidente è stato essenzialmente una minaccia o, nella migliore delle ipotesi, una delusione. Allora, perché la Russia non tende chiaramente verso l’Asia?
Tra il 1142 e il 1446, il principato di Novgorod ha dovuto combattere gli svedesi 26 volte, porteglaives e poi i teutoni undici volte, i lituani quattordici volte e i norvegesi cinque volte … Allo stesso modo le invasioni lituane della Russia sono state frequenti al di là di Novgorod e si sono susseguite su diverse generazioni di granduchi: annessione del principato di Polotsk nel 1307, poi nel 1318 quello di Vitebsk e di Brest l’anno successivo, prima di continuare la loro espansione territoriale sino a raggiungere la riva del Mar Nero, e quindi di impadronirsi di Kiev e dell’Ucraina. Nel 1395, il Granduca Vitovt riesce a prendere Smolensk e il suo territorio. Quando si compie l’unificazione di Lituania e Polonia nel 1447, questo grande stato di lingua polacca, convertito al cattolicesimo, è quindi aperto alle influenze occidentali. Sul fronte politico, l’aristocrazia di origine russo-lituana è stata egualmente sedotta dal modello politico polacco di monarchia elettiva favorevole alla nobiltà; l’antitesi del sistema politico moscovita determinato dall’eredità bizantina e dall’esempio del khan mongolo. E’ l’origine di un antagonismo profondo. Diverse guerre opposero russi e polacchi, questi ultimi arrivando a occupare e bruciare Mosca. Il pericolo polacco è infine scongiurato da una vittoria russa, conclusasi nel 1667 con la tregua d’Andrusovo.
Nel corso dei decenni successivi, è il nemico svedese a riapparire come il più pericoloso. Nel gennaio del 1708, Carlo XII attraversò la Vistola per marciare su Mosca, ma commise l’errore di dirigersi verso l’Ucraina piuttosto che continuare la sua avanzata verso Mosca, allontanandosi dalle proprie retrovie. La campagna svedese conosce l’epilogo il 8 luglio 1709 quando i russi conseguono la decisiva vittoria della Poltava. Dodici anni dopo, il Trattato di Nystad sanciva la vittoria da parte della Russia su di un avversario antico e tenace.
La Russia dovrà poi fare i conti con altre minacce provenienti da ovest. In primo luogo, effimero, l’<Esercito di venti nazioni> di Napoleone. La prima “Grande Guerra Patriottica” mostra chiaramente, anche nella profondità del popolo contadino mobilitato contro l’invasore, la nascita di un sentimento nazionale costituito dall’attaccamento alla terra di Russia, alla tradizione ortodossa e alla persona dello Zar , coronato con la vittoria contro il padrone di Europa considerato fino ad allora invincibile. Questo sentimento è esacerbato dall’intervento inglese e francese in Crimea nel 1856 conclusosi con l’umiliazione russa. Quando, mezzo secolo dopo, la Russia è coinvolta nel tumulto rivoluzionario, non c’è dubbio che i bolscevichi seppero sfruttare il rigetto dell’intervento straniero inglese, francese, ma anche giapponese e americano in Siberia a sostegno delle armate bianche, dal Caucaso e il Mar Nero sino ad Arcangelo. L’aggressione tedesca scatenata il 22 Giugno 1941 riesce egualmente a mobilitare il patriottismo russo alimentato da pregiudizi, grossolani errori di calcolo e crimini degli invasori. Lontani dai miraggi ideologici del “socialismo reale” o del “internazionalismo proletario”, è il popolo russo che risponde all’appello di Stalin e affronta vittoriosamente, a costo di grandi sacrifici, la terribile prova. Così, nel corso dei secoli, dal lago Chudskoe a Stalingrado a Kursk passando per la Poltava e Borodino, la minaccia esterna ha contribuito all’affermazione di una specifica identità fondata sull’attaccamento alla terra russa.
Questo non ha impedito alla Russia di voler diventare una potenza europea, ma, ogni volta, ha perso così il suo rango di potenza in grado di presiedere ai destini del mondo. Le speranze della Russia sono spesso andate deluse, a meno che essa stessa non avesse deciso di fare un passo indietro in modo da non compromettersi troppo e mantenere la propria “alterità”.
Così dal riavvicinamento all’Europa in modo da acquisire il suo know-how e le sue tecnologie, in particolare sotto il regno di Pietro il Grande e Caterina II. La marina, l’architettura, l’esercito e anche la lingua russa manifestano a partire dal XVIII secolo numerose stimmate europee; ma Pietro il Grande ha chiaramente affermato: “L’Europa è necessaria per decine anni, ma poi dobbiamo distaccarci”. “ In un contesto diverso, Caterina II, dapprima sedotta dalle idee universalistiche è diffidente e condanna rapidamente ogni iniziativa di riforma considerata rivoluzionaria. Il rigetto del cosmopolitismo si ritrova alla fine del regno di Alessandro I, e soprattutto di Nicolas I..
Per un lungo periodo di tempo e sino a poco tempo fa, la stessa sfiducia permanente si esprime nei confronti di ebrei e cattolici, percepiti come occidentalisti; i primi per essere considerati supposti complici degli Stati Uniti durante l’esistenza dell’URSS, i secondi sospettati di proselitismo e di fomentare il crollo del comunismo sotto l’influenza del Papa polacco. La riconciliazione iniziata il 16 agosto 2012 con la visita eccezionale in Polonia del Patriarca della Chiesa ortodossa russa Kiril non dovrebbe alterare sostanzialmente il rapporto tra i due “polmoni della cristianità”, secondo una dichiarazione attribuita a Giovanni Paolo II (cfr. A . Thedrel & M. Zralek Le Figaro 2012/08/16). Per quanto riguarda i predicatori protestanti, essi sono attualmente considerati di agire più o meno in sette.
Tra gli altri malintesi, notiamo che il tentativo messianico ”Pan-slavo” è stato rapidamente percepito dai “cugini” del sud e dell’ovest come di fatto pan-russo e con poco spazio per gli altri. Nel Novecento, dopo la rivoluzione bolscevica o alla fine della II Guerra Mondiale, certuni avevano creduto di percepire un possibile avvicinamento, se non uno spirito di fraternità tra i lavoratori o vincitori; ma ancora una volta le speranze furono presto deluse da un bolscevismo che ha rapidamente mostrato la sua vera natura repressiva e così poco romantica prima di tramutarsi in panzer-comunismo brutale e offensivo.
Con Mikhail Gorbaciov, la Russia sembra sinceramente convinta della identità e della vicinanza geografica con l’Europa sino a sostenere la Casa Comune europea; nonostante, però, la sua evidenza e l’opportunità storica che rappresenta, non sarà, purtroppo, compresa. Sbarazzatasi del peso dell’impero, la nuova Russia di Eltsin ritiene in seguito di “ritrovare l’Europa”, il suo modello democratico e la sua agiatezza economica; ma subirà numerose umiliazioni: la discriminazione delle minoranze russe nell’UE (paesi baltici), ex paesi fratelli dell’Est (almeno, così visti dalla parte russa) che si uniscono alla minaccia diretta della NATO, la guerra contro i cugini serbi al di fuori di ogni autorizzazione delle Nazioni Unite, il riconoscimento dell’indipendenza del Kosovo … e l’installazione, al seguito, di una base militare americana, rivoluzioni colorate alle frontiere e slogans antirussi (anche in Ucraina!), dispiegamento anti-missilistico in Polonia e nella Repubblica Ceca per proteggerli da una aggressione proveniente …dall’ Iran.
Regolarmente criticato in Occidente, in particolare lungo l’asse Scandinavia – Polonia – Bruxelles – Gran Bretagna – Stati Uniti d’America, si deve rilevare che, dopo gli attentati dell’11 settembre 2001, Vladimir Putin ha ancora cercato di costruire un forte partenariato, quasi un’alleanza con l’Occidente e gli Stati Uniti in particolare; ma Putin ha sbagliato e il petrolio russo non avrebbe sostituito quello dell’Arabia Saudita. Con le rivoluzioni colorate la Russia si convince una volta per tutte che gli Stati Uniti persistono a voler dominare l’Eurasia, secondo le teorie di uno dei padri fondatori della geopolitica degli Stati Uniti, Nicholas Spykman: “Tocca agli Stati Uniti, perché la loro supremazia persista, impedire ad uno Stato o gruppo di Stati di stabilire, sotto qualsiasi forma, una posizione dominante nel continente eurasiatico. “
L’avvicinamento Est – Ovest è inoltre bloccato da una diffidenza intellettuale secolare, amplificata nei tempi moderni. Da parte europea, in particolare francese, i luoghi comuni e le approssimazioni veicolati dallo stravagante successo letterario del marchese de Custine sono miasmi che inquinano l’atmosfera, purtroppo, tra i due estremi del continente. Inoltre, senza negare i vecchi demoni della Russia come corruzione, autoritarismo, burocrazia … si può ugualmente stigmatizzare che i grandi media supposti informativi non persistono che a evidenziare i soli aspetti negativi.
Nel mentre osserviamo il lato occidentale russo subire ripetuti attacchi, la minaccia proveniente da Oriente è tutto sommato limitata.
Certamente, lo shock della conquista del Gran Khan Ogodeï nel 1235 è stato incredibilmente violento con numerosi massacri (annientamento della popolazione di Kiev) ma poi fu seguito da un periodo relativamente lungo di “pax mongolica”. Risalendo ad un periodo più attuale, la rivoluzione del 1917 in Russia comportò la perdita di vasti territori in Occidente, mentre furono mantenuti in Asia centrale. Più di recente, e semplificando un po’, la maggior parte dei paesi ex fraterni ad est e il vicino estero sono rimasti alleati relativamente affidabili, dal momento che nessun paese della CEI ha aderito alla struttura euro-atlantica. Resta anche una coerenza reale tra di essi sia nel commercio che nelle questioni di sicurezza. Gli ultimi anni hanno visto nuove iniziative di partnership: iniziative di partenariato nella Shanghai Cooperation Organization (vedi Ardavan Amir-Aslani, New Journal of Geopolitica No. 5, 2012); la Comunità economica eurasiatica (fondata nel 2000 dal Kazakhstan) e l’Organizzazione del Trattato di Sicurezza Collettiva (2002).
In una visione chiaramente “etnocentrica”, l’Occidente colloca la Russia come essenzialmente “all’Occidente”, anche se l’Orso selvatico sembra difficile da capire e padroneggiare. Ci sono anche alcuni argomenti forti a sostegno di questa tesi. Tuttavia, lontano dal consenso, e rimuovendo il nostro berretto in stile con un cappello di pelliccia, possiamo vedere che la Russia in realtà è davvero in grado di assicurare la propria potenza solo assumendo integralmente la propria natura euroasiatica. Le minacce politiche, militari, economiche, ideologiche, religiose … sono partite per lo più da ovest allora che lo sguardo si volgeva ad Oriente incontro alla vastità della terra russa, che rimane così importante nell’inconscio popolare. L’Artico come nuova rotta marittima del commercio mondiale, le sue enormi risorse non sfruttate, i fiumi grandiosi che fanno apparire il Rodano un piccolo fiume affascinante, le foreste infinite e più prosaicamente il sottosuolo traboccante di materie prime fanno della Russia dell’Est il fortunato vincitore nel gioco della “Ricchezza del Mondo”. La sua vicinanza a Cina, Giappone, Corea conduce a significativi sviluppi, spostando progressivamente il suo centro di gravità verso l’Asia. Forti partenariati bilaterali in Europa, come ad esempio con la Germania, saranno presto l’albero che nasconde la foresta. Perché la Russia si dovrebbe intestardire a rimanere ancorata all’Occidente di un continente vicino al fallimento con il quale la sua storia è sempre stata conflittuale? Si potrebbe essere tentati di mandare al diavolo Bruxelles e consorti. Solidi partenariati saranno sufficienti ad assicurarsi buoni accordi commerciali. Tuttavia, è la consapevolezza del proprio passato eurasiatico che apre nuove opportunità e prospettive. Il cantiere è enorme come la tundra.
Arnaud Leclercq